Circle of Harpy
Chapiter IV : the trial
Le temps s'écoula
et finalement, le jour de la Cérémonie arriva.
A l'aube, Hautes Harpies et Harpies s'étaient rassemblées
sur le toit de la Caverne Supérieure, formant un demi-cercle sur
le bord du sommet, pour observer et juger les Moineaux les plus aptes à
devenir des Harpies. Placés près du bord de la caverne, qui
lui-même se perchait à une altitude vertigineuse, ces derniers
luttaient tant bien que mal contre le souffle puissant des hauteurs qui
leur claquait au visage. Tous savaient qu'il leur faudrait bientôt,
chacun à leur tour, sauter dans le vide qui leur faisait face et
effectuer ce qui devait être pour eux leur premier vol. Déployer
ses ailes pour planer n'était pas une tâche difficile, mais
l'épreuve consistait plutôt à survivre aux forts courants
aériens qui pouvait vous arracher des ailes encore fragiles ou vous
broyer contre les parois rocheuses sans préavis. Réussir à
survivre à la chute et voler dans de telles conditions pour atterrir
de nouveau au dessus de la Caverne Supérieure n'était pas
seulement une preuve de sa capacité à maîtriser son
corps, mais aussi une reconnaissance envers les autres membres de la communauté
que l'on pouvait de se déplacer dans des milieux extrêmes,
exigence obligatoire lors des migrations.
Une fois tous les Moineaux rassemblés, la Haute Harpie Celeci s'avança
et commença à les appeler.
- Ery!
Le Moineau en question se présenta, le souffle à moitié
coupé, tremblant de peur mais aussi d'excitation, et marcha au centre
du demi-cercle. Ses autres congénères, tous aussi anxieux,
laissèrent un passage vers le point de chute. Expirant l'air qui
lui restait, le Moineau candidat pris son élan et s'élança
alors dans le vide.
Moineaux et Harpies se pressèrent sur le rebord pour observer le
déroulement de son vol tandis que les Hautes Harpies, impassibles,
attendaient son retour.
Le Moineau Ery, pendant ce temps, continuait à chuter, essayant de
ne pas dévier de sa trajectoire, luttant contre les courants. D'un
bref coup d'oeil, elle pouvait voir du sang séché contre les
parois de la montagne, du sang de Moineau qui ne s'effacerait peut être
jamais, ainsi que des ossements et des crânes sur les petites plates-formes
de la falaise. Ery ferma les yeux. Non, elle ne deviendrait pas ça.
Elle avait suffisamment travaillé ses ailes pour pouvoir contrôler
son déploiement, glisser avec sûreté entre les pics
accidentés, prenant les vents à leur propre jeu. Elle leur
montrerait qu'elle serait digne d'être une Harpie!
Pendant que les Harpies commentaient la trajectoire du Candidat, les Hautes
Harpies discutèrent entre elles d'un sujet inhabituel.
- Le Moineau Harpie n'est pas présent.
- Elle ne veut pas venir, c'est inconcevable!
- Il faut décider de son sort maintenant. Elle ne peux rester ainsi.
- Les Moineaux et les Harpies commencent à se douter de son identité.
Si elles apprennent que nous avons laissé un être qui n'est
pas des nôtres vivre dans la communauté, notre réputation
en sera bafoué.
- Tuons là!
- Attendez, Hautes Harpies, déclara Etaki, qui jusqu'alors n'avait
dit mot. Si nous la tuons maintenant, les autres se douteront quand même
de quelque chose. Pour qu'elle disparaisse, il suffit juste qu'elle passe
l'épreuve. Vous savez tous comme moi qu'elle ne peux se servir de
ses ailes. Sa mort sera logique. Personne ne peux vivre avec les Harpies,
et elle en sera l'exemple.
Les autres Hautes Harpies l'approuvèrent.
- Laissez l'Epreuve se dérouler normalement pour me donner un peu
de temps, continua-t-elle. je me charge de l'amener.
Et, marmonnant dans ses plumes: oui, je me charge d'amener ma victoire.
Elle fit un geste à la Harpie Eet, qui discrètement s'éloigna
des spectateurs et rejoignit la Haute Harpie. Toutes deux disparurent dans
la Caverne Supérieure.
- Un de mes faucons a repéré cette idiote de Eolya à
Drager, indiqua Etaki à Eet alors qu'elles descendaient rapidement
l'intérieur de la montagne par des rampes. Nous allons faire d'une
pierre deux coups en éliminant ces deux gêneuses. Une fois
que cela sera fait, plus rien ne pourra empêcher la révision
des Traditions. Nous quitterons cet endroit qui ne vaut rien et nous irons
régner ailleurs dans des lieux beaucoup plus comfortables.
Elles pénétrèrent dans une chambre isolée, loin
à l'abris des regard indiscrets. Etaki prit une dague métallique
rouillée de sang, cachée derrière des ossements, et
la rangea dans sa manche, tandis qu'Eet se recouvrait d'une ample cape lui
permettant de cacher ses griffes acérées.
- Parfait, j'ai tout ce qu'il me faut. Nous pouvons y aller.
La Haute Harpie commença à incanter un sortilège, puis
soudain les deux Harpies disparurent dans le néant, pour se retrouver
quelques instants plus tard aux portes de la ville de Drager.
- Ne te fais pas remarquer Eet, lui chuchota Etaki alors qu'elles s'engageaient
dans la rue principale, nous devons la surprendre aussi rapidement que possible
afin qu'elle ne puisse pas détecter notre présence.
Loin de se douter de
la trame qui se déroulait contre elle, Eolya attendait patiemment,
assise dans sa chambre, le réveil de son compagnon. Compagnon, se
dit-t-elle, voilà un mot qu'elle avait rarement entendu de la part
d'une Harpie. Quelle ironie! Elle, Haute Harpie dont le rôle était
d'aller chercher l'Elu, celle qui allait permettre à sa race de perdurer,
avait trouvé en sa compagnie la paix de son âme. Une paix qu'elle
aurait voulu prolonger éternellement, chose d'autant plus rare pour
une Harpie de se trouver une âme soeur pour un temps dépassant
une soirée. Mais hélas, le temps de la recherche arrivait
à son terme, et il lui fallait bientôt présenter l'Elu
à la communauté. Un " Elu ", qui ne survivrait que
le temps de pouvoir enfanter d'autres Harpies...
Elle commençait à regretter son rôle, cette mission
qui l'avait enthousiasmée au moment où on la lui avait confiée,
lorsqu'elle avait acquis son statut de Haute Harpie. S'infiltrer parmi les
humains, vivre parmi eux sans qu'ils puissent la reconnaître, c'était
pour elle comme un défi lancé à cette race qui se proclamait
supérieure. Mais au-delà de cette tendance à harceler
constamment les hommes, elle avait commencé à s'intéresser
à leur mode de vie, à leurs coutumes et à leur culture,
pour ces êtres qui ne migraient pratiquement jamais. Etait-elle devenue
trop sentimentale envers eux? Ou bien était-ce le fait que ce sentiment
la liait à un homme qu'elle ne voulait pas perdre? Peut être
avait-elle trop longtemps vécu parmi les hommes, car elle commençait
à penser comme eux.
Avec tendresse, elle regarda le jeune homme se réveiller de son lit,
encore un peu assoupi. Etrangement, ce n'était ni son physique ni
sa jeunesse qui l'avait séduite, mais son enthousiasme. C'était
lui qui s'était présenté à elle alors qu'elle
venait juste d'arriver, et d'un air bon enfant, lui avait fait faire le
tour de la ville. Elle n'avait pas perçu de malveillance en lui,
ni la volonté de séduire une "belle femme", juste
le désir d'aider quelqu'un. Il lui avait raconté son histoire
et ses rêves, sans rien attendre en retour, et c'est ce qui l'avait
touchée. Tant de pureté parmi ces êtres rampants...ces
personnes-là méritaient d'être Elus.
Ce n'est que lorsqu'il eu finit ses ablutions et qu'il se prépara
à partir à la mine qu'il remarqua que la femme à la
robe blanche l'observait, assise, presque invisible dans l'ombre d'un coin
de la pièce.
- Ma dame? Je vous croyais déjà partie.
- Sir Enrik, commença-t-elle lentement, je crois effectivement qu'il
est temps pour moi de partir. Je ne peux rester ici plus longtemps, mon
coeur ne pourrait en souffrir davantage.
- Cet enfant semble avoir réellement besoin de vous, dit Enrik en
plaçant une main compréhensive sur l'épaule d'Eolya.
Je ne peux vous retenir davantage bien que cela m'attriste. Mon coeur gardera
toujours une place pour vous où que vous soyez.
- Ma souffrance, bien que grande pour cet enfant, ne me préoccupe
pas autant que celle qui me torture en ce moment. Mais je ne peux partir
sans briser le silence et vous donner quelques explications. En vérité
je..