Story of Alys Seesea and Deesse : The curse of the Sword
I
Elle se tient là, immobile, silencieuse. Elle est assise sur cette
fabrique que l'on pourrait communément appeler un siège si
l'on pouvait en distinguer les contours. C'est d'ailleurs le seul objet
presque tangible qui l'entoure, car autour d'elle, il n'y a rien. Rien que
quatre murs blancs l'encerclant dans un espace blanc. Blanc comme le sol
et le ciel. Une couleur tellement transparente et opaque qu'un vertige pourrait
saisir quiconque se retrouverait en ces lieux.
N'importe qui, sauf peut être, elle.
Elle est assise sur ce siège près d'un de ces murs à
la couleur uniforme, un mur à louverture strictement carrée,
ancrée dans sa matière, s'ouvrant vers un extérieur
aussi dénué d'existence que son intérieur, superposition
d'une vue blanche sur un fond blanc.
Et elle regarde, à travers cette immensité, ce vide.
En face d'elle, ou plutôt devrait-on dire à son mur opposé,
les traces d'une autre percée. La forme d'un rectangle debout, s'esquissant
faiblement sur ce tableau vierge sans toutefois contenir de cavité.
L'espace qui la sépare de cette ouverture-ci semble s'étirer
dans cet environnement neigeux, au loin, vers l'infini, mais son regard
toujours tourné vers la fenêtre ne semble pas intéressé
par cet autre passage.
Elle n'en a pas besoin, car sa présence ici entre en parfaite adéquation avec ce lieu. Ni le temps, ni l'espace n'ont d'emprise sur lui, comme sur elle. Elle ne possède pas d'envie ni de désir, elle ne respire pas, contrairement à ceux dont elle revêt la forme. Elle ne vit pas, et donc ne peut pas mourir.
Elle est là, tout simplement.
Sa robe, simple et longue, insensible au moindre mouvement, accompagne
et renforce cette impression de stabilité.
Ses cheveux arrivant à la taille et son visage, pâles comme
la craie, ne reflètent aucun trouble.
Seul sont regard semble animé dune intensité incertaine.
Une illusion sans doute, car cest le seul éclat dans ce monde
incolore : des yeux de saphir ornent ce visage de porcelaine.
Un bleu profond, un océan qui noie cette vision et la fait briller
en un azur scintillant détoiles. Un bleu qui semble percer
les horizons, traverser les frontières, toucher linsaisissable
paysage de mondes inconnus.
Pouvoir discerner à travers un simple sens hérité de sa propriété lau-delà, le par-delà, fait partie de ses attributs. La distinction, lévaluation et lorganisation de ses visions en sont d'autres. Chaque élément quelle collecte forme alors un tout en elle dont elle peut extraire les caractéristiques, si nécessaire.
C'est sa seule et unique mission. Sa première fonction.
Aucune perturbation n'est admissible.
L'équilibre dicté par la fonction impose l'obéissance
absolue à cette règle.
Si un trouble, aussi infime soit-il, transparaît à la surface
de sa vision, il doit être détecté, corrigé,
reformaté.